Nous venons d’entendre la parabole de Jésus qui évoque un homme partant en voyage : « Il appela ses serviteurs et leur confia ses biens ». Confier, c’est faire confiance. Dieu a confié la Terre à l’être humain pour qu’il la cultive et la garde. Le Christ a confié à son Église de poursuivre sa mission jusqu’à la fin des temps. Il a confié l’Église à ses apôtres et ceux-ci à leurs successeurs. L’évêque confie des missions aux prêtres, aux diacres, et à certains laïcs pour que la Bonne Nouvelle du salut soit annoncée et que les croyants soient nourris et fortifiés dans leur foi. Aujourd’hui, je confie officiellement, au nom du Seigneur, les ensembles paroissiaux de Fronton et Villemur au Père Jean Arfeux, nouveau curé de ces communautés. À chaque baptisé, Dieu, en Église et par l’Église, confie une mission. Il nous confie de participer à son Œuvre de salut parce qu’il nous fait confiance. Il nous fait la grâce d’être ses collaborateurs.
La mission de l’Église et de chacun de nous repose sur la confiance. La fécondité de la mission repose sur la confiance : c’est ce dont témoignent les deux premiers serviteurs de la parabole. Le troisième serviteur, lui, a eu peur, il n’a pas eu confiance ; il a caché le talent qui lui avait été confié, et le rend tel quel à son maître.
La confiance est le cœur de la vie chrétienne. Elle est le fondement de notre relation à Dieu ; notre foi nous conduit à nous fier à Dieu qui nous aime et veut notre bien. Cette confiance en Dieu avait été troublée par le serpent de la Genèse, et au fond du cœur de l’être humain, demeure, plus ou moins endormie, la question : puis-je vraiment me fier à Dieu ? Ce doute est la racine de nos maux, car il nous met en distance avec l’amour de Dieu qui est notre vie et notre bonheur ; c’est ce qui arrive au troisième serviteur. Jésus est venu rétablir le chemin de la confiance, en témoignant de l’amour que Dieu porte à l’humanité, à chacun de nous, mais aussi en obéissant à son Père jusqu’à la mort. Il portait sur Lui notre défiance, notre désobéissance. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a ouvert la petite voie d’enfance spirituelle qui repose sur une confiance totale, renouvelée en Dieu notre Père.
C’est parce que nous pouvons nous fier à Dieu, parce nous mettons notre confiance en Lui, que nous pouvons risquer la confiance entre nous. Jésus nous a constitué en un seul Corps, l’Église, pour témoigner de son amour et participer à l’édification de son Règne. L’unité de l’Église est la condition de la fécondité de sa mission. Jésus priait son Père pour que nous soyions un, comme le Père et Lui sont Un, « afin que le monde croie » ! Nous mettons au service les uns des autres et au service de la mission les dons que nous avons reçus, chacun selon ses capacités, chacun selon la volonté de Dieu.
Jean, le Christ vous a appelé à Le suivre dans le sacerdoce ministériel, et au jour de votre ordination, il vous a conféré le don de l’Esprit Saint pour annoncer avec autorité la Parole de Dieu, pour sanctifier le peuple chrétien et le conduire au nom du Christ, en communion étroite avec votre évêque. Recevoir un tel don pour une telle mission aurait de quoi faire peur, car aucun ministre ordonné n’est à la hauteur de la mission qui lui est confiée. Cette mission nous dépasse, mais elle nous rappelle que c’est l’œuvre du Christ et non la nôtre ; c’est pourquoi nous pouvons l’accepter avec confiance. Ce n’est pas nous qui sauvons le monde, mais le Christ ; nous sommes à son service.
En devenant curé, Jean, vous assumez des responsabilités supplémentaires au service des communautés qui vous sont confiées. Dans les trois charges du prêtre que je viens d’évoquer : l’annonce de la Parole de Dieu, la sanctification, la conduite de la communauté au nom du Christ, c’est cette dernière qui prend une nouvelle ampleur. Comme curé, vous êtes serviteur de l’unité, de la communion fraternelle ; en collaboration avec le Père Joseph et l’EAP, avec l’aide des autres conseils, vous avez mission de discerner les dons et les charismes des paroissiens pour les ordonner au bien de la communauté et à sa mission ; vous avez aussi à discerner, dans le respect des orientations diocésaines, la direction à donner aux communautés dont vous avez la charge. On ne peut plus se contenter d’entretenir les communautés, mais le changement d’époque nous invite à repenser notre manière d’être l’Église du Christ aujourd’hui et d’accomplir la mission. Il nous faut donc développer une pastorale de la rencontre et de l’accompagnement, en allant au-devant de ceux qui ne savent plus le sens de leur vie et en marchant avec eux, s’ils le désirent.
Et vous, frères et sœurs, vous êtes responsables de la mission dans vos paroisses, chacun selon les dons reçus de Dieu. Cette mission commence par la conversion personnelle pour vivre toujours mieux de l’Évangile et de la grâce de Dieu ; elle passe par la prière, une prière fervente et ouverte aux dimensions du monde ; elle se déploie dans les services et ses rencontres.
Ensemble avec vos prêtres, donnez à voir quelque chose du Royaume de Dieu ; témoignez de votre confiance en Dieu et de la confiance que vous vous faites mutuellement ; rayonnez la charité qui vient de Dieu ; faites de la place aux plus petits ; aujourd’hui, c’est la journée mondiale des pauvres, ils sont le Christ au milieu de nous ; ils nous sont confiés par Dieu. Que le Seigneur vous accorde d’avancer sur le chemin de la confiance et vous donne d’en apercevoir la fécondité !
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse