La liturgie d’aujourd’hui nous propose deux brèves paraboles de Jésus : celle de la semence qui grandit seule et celle du grain de sénevé (cf. Mc 4, 26–34). À travers des images tirées du monde de l’agriculture, le Seigneur présente le mystère de la Parole et du Royaume de Dieu, et indique les raisons de notre espérance et de notre engagement.
Dans la première parabole, l’attention porte sur le dynamisme des semailles : la semence qui est jetée en terre, que le paysan dorme ou qu’il veille, germe et grandit toute seule. L’homme sème avec la confiance que son travail ne sera pas stérile. C’est en effet la confiance dans la force de la semence et dans la qualité du terrain qui soutient l’agriculteur dans son labeur quotidien. Cette parabole rappelle le mystère de la création et de la rédemption, de l’œuvre féconde de Dieu dans l’histoire. C’est lui le Seigneur du Royaume, l’homme est son humble collaborateur, qui contemple et se réjouit de l’action créatrice divine et en attend les fruits avec patience. La moisson finale nous fait penser à l’intervention conclusive de Dieu à la fin des temps, quand Il réalisera pleinement son Royaume. Le temps présent est un temps de semence, et la croissance du grain est assurée par le Seigneur. Aussi, chaque chrétien sait-il qu’il doit faire tout ce qu’il peut, mais que le résultat final dépend de Dieu : cette conscience le soutient dans l’effort de chaque jour, spécialement dans les situations difficiles. Saint Ignace de Loyola écrit à ce propos : « Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ».
La seconde parabole aussi utilise l’image de la semence. Ici, cependant, il s’agit d’une semence particulière, le grain de sénevé, considéré comme la plus petite de toutes les graines. Mais bien que minuscule, elle est pleine de vie, de sa brisure naît un germe capable de rompre le sol, de sortir à la lumière du soleil et de grandir jusqu’à devenir « la plus grande de toutes les plantes potagères » (cf. Mc 4, 32) : la faiblesse est la force de la semence, la brisure est sa puissance. Et le Royaume de Dieu est ainsi : une réalité humainement petite, composée de celui qui est pauvre de cœur, de celui qui ne s’en remet pas à ses pauvres forces, mais à celles de l’amour de Dieu, de celui qui n’est pas important aux yeux du monde ; et pourtant c’est justement à travers lui que la force du Christ fait irruption et transforme ce qui est apparemment insignifiant.
L’image de la semence est particulièrement chère à Jésus, car elle exprime bien le mystère du Royaume de Dieu. Dans les deux paraboles d’aujourd’hui, elle représente une « croissance » et un « contraste » : la croissance qui se fait grâce à un dynamisme inscrit dans la semence même et le contraste qui existe entre la petitesse de la semence et la grandeur de ce qu’elle produit. Le message est clair : le Royaume de Dieu, même s’il exige notre collaboration, est avant tout un don du Seigneur, une grâce qui précède l’homme et son action. Notre petite force, apparemment impuissante face aux problèmes du monde, si elle plonge dans celle de Dieu ne craint pas les obstacles, parce qu’elle est certaine que la victoire appartient au Seigneur. C’est le miracle de l’amour de Dieu, qui fait germer et grandir chaque semence de bien répandue sur la terre. Et l’expérience de ce miracle de l’amour nous rend optimistes, malgré les difficultés, les souffrances et le mal que nous rencontrons. La semence germe et grandit, car c’est l’amour de Dieu qui la fait grandir. Que la Vierge Marie, qui a accueilli, parce que « bonne terre », la semence de la Parole divine, fortifie en nous cette foi et cette espérance.
Benoit XVI, Audience générale du 17 juin 2012.