Paroisse des 17 clochers

Le Bon Pasteur

… Jésus est le Bon Pasteur parce qu’il donne sa vie au Père de cette manière : il l’offre en sacrifice pour ses brebis. […] En reprenant cette image, Jésus a révélé un aspect de l’amour du Bon Pasteur que l’Ancien Testament ne pressentait pas encore : offrir sa vie pour ses brebis.

Dans son enseignement, nous le savons, Jésus se servait souvent de paraboles pour faire comprendre aux hommes, généralement simples et habitués à penser en images, la vérité divine qu’il annonçait. […] Les bergers conduisent leurs troupeaux aux pâturages […] et ils y passent l’été avec eux. Ils les accompagnent lorsqu’ils changent de pâturage. Ils font attention à ce qu’ils ne s’égarent pas et en particulier ils les défendent contre les animaux sauvages, comme nous le lisons dans l’Évangile : « Le loup s’empare des brebis et il les disperse. » (Cf. Jn 10, 12.) Le Bon Pasteur, dans la parabole du Christ, est précisément celui qui, « voyant venir le loup », ne s’enfuit pas mais est prêt à exposer sa vie en luttant contre le prédateur pour qu’aucune de ses brebis ne se perde. S’il n’était pas prêt à agir ainsi il ne mériterait pas d’être appelé Bon Pasteur. Il serait un mercenaire, non un pasteur.

Tel est le discours allégorique de Jésus. Son sens essentiel c’est que « le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10 11). Dans le contexte des événements de la Semaine sainte, cela veut dire que Jésus, en mourant sur la croix, a offert sa vie pour tout homme et pour tous les hommes. […] Voilà ce qu’a fait le Christ. Il a donné sa vie pour tous et c’est pourquoi on l’appelle le Bon Pasteur. Par le sacrifice pascal, tous sont devenus son troupeau parce qu’à chacun il a assuré la vie divine et surnaturelle qui avait été perdue depuis la chute de l’homme à cause du péché originel. Lui seul pouvait la rendre à l’homme.

L’allégorie du Bon Pasteur et l’image des brebis qu’elle nous donne sont fondamentales pour comprendre ce qu’est l’Église et sa mission dans l’histoire de l’homme. L’Église ne doit pas seulement être un « troupeau » mais elle doit réaliser le mystère qui s’accomplit toujours entre le Christ et l’homme : le mystère du Bon Pasteur qui offre sa vie pour ses brebis. Saint Augustin dit : « Celui qui t’a cherchée le premier alors que tu le méprisais au lieu de le chercher te méprisera-t-il, ô brebis, si tu le cherches ? Commence donc à le chercher lui qui le premier t’a cherchée et t’a ramenée sur ses épaules. Fais que se réalisent ses paroles : les brebis qui sont à moi écoutent ma voix et elles me suivent. »

L’Église, qui est le Peuple de Dieu, est en même temps une réalité historique et sociale où ce mystère se renouvelle et se réalise continuellement et de diverses manières. Différentes personnes ont une part active dans cette sollicitude pour le salut du monde, pour la sanctification du prochain qui est et ne cesse d’être la sollicitude propre du Christ crucifié et ressuscité. Telle est certainement, par exemple, la sollicitude des parents à l’égard de leurs enfants. Et même la sollicitude de tout chrétien, sans aucune différence, à l’égard de son prochain, de ses frères et de ses sœurs que Dieu met sur son chemin. Cette sollicitude pastorale est évidemment d’une façon particulière la vocation des pasteurs : prêtres et évêques. Ils doivent d’une façon particulière avoir devant les yeux l’image du Bon Pasteur, méditer toutes les paroles du discours du Christ et y conformer leur vie.

Donnons encore une fois la parole à saint Augustin : « Que les bons pasteurs ne viennent pas à manquer ! Qu’ils ne manquent pas par notre faute et que la miséricorde divine ne cesse de les susciter et de les établir. Il est certain que s’il y a de bonnes brebis il y aura aussi de bons pasteurs. Ce sont en effet les bonnes brebis qui donnent les bons pasteurs. » …

 

Saint Jean-Paul II, Audience du 9 mai 1979.