Paroisse des 17 clochers

Le monde attend le passage des saints, au 21ème comme au 20ème siècle…

…L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. Il éprouve en effet une répulsion instinctive pour tout ce qui peut apparaître mystification, façade, compromis. Dans un tel contexte, on comprend l’importance d’une vie qui résonne vraiment de l’Évangile !
… L’homme moderne, engagé dans la conquête et l’utilisation de la matière, éprouve une faim d’autre chose, une solitude étrange. Le chrétien tout donné à Jésus-Christ connaît un autre mystère plus insondable que la matière : le mystère de Dieu qui invite l’homme à un partage de vie dans une communion sans fin avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Mystère de transcendance et de proximité ! En vérité, l’homme du vingtième siècle aspire à cette plénitude de dialogue personnel que lui refuse la matière. II faut aujourd’hui plus que jamais des témoins de l’invisible.
Les hommes de ce temps sont des êtres fragiles qui connaissent facilement l’insécurité, la peur, l’angoisse. Combien se demandent s’ils sont acceptés par leur entourage. Nos frères humains ont besoin de rencontrer d’autres frères qui rayonnent la sérénité, la joie, l’espérance, la charité, malgré les épreuves et les contradictions qui les atteignent eux aussi. Être le témoin de la Force de Dieu opérant dans l’étonnante et renaissante fragilité humaine, ce n’est pas aliéner l’homme, mais lui proposer des chemins de liberté.
Les générations montantes sont spécialement assoiffées de sincérité, de vérité, d’authenticité. Elles ont horreur du pharisaïsme sous toutes ses formes. Dès lors on conçoit qu’elles s’attachent au témoignage d’existences pleinement engagées au service du Christ. Elles courent le monde pour trouver des disciples de l’Évangile, transparents à Dieu et aux hommes, demeurés jeunes de la jeunesse de la grâce divine. Les jeunes générations voudraient rencontrer davantage de témoins de l’Absolu. Le monde attend le passage des saints.
L’homme moderne se pose aussi, et souvent douloureusement, le problème du sens de l’existence humaine. Pourquoi la liberté, le travail, la souffrance, la mort, la présence des autres ? Or voici que dans les ténèbres celui qui essaye de vivre l’Évangile apparaît comme celui qui a trouvé un sens, un achèvement à sa vie, bien loin des systèmes anthropocentriques et oppressants.
Ce témoignage personnel doit être celui de tout baptisé, de tout confirmé, laïc, religieux ou prêtre. Mais les laïcs sont invités à le vivre de façon particulière, au sein même du monde, en oeuvrant selon leur foi dans les affaires temporelles de leurs familles, de leur cité, du monde international, pour bâtir avec tous les hommes, croyants ou incroyants, un monde plus digne des fils de Dieu. C’est en travaillant avec les autres qu’ils découvrent souvent toutes les dimensions de l’apostolat. Ils se garderont d’oublier qu’ils sont aussi appelés à favoriser chez leurs frères la rencontre directe de Jésus-Christ. Leur témoignage n’est pas un témoignage muet…
PAUL VI, Audience générale du 2 octobre 1974.