« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » (Marc 5,28)

L’Église, nouée autour du Christ, est l’habitation de la Trinité parmi les hommes. […].

Une habitation si profonde de la Trinité, encore inouïe sur la terre, suppose que les hommes qui en sont les sujets y sont adaptés et utilement disposés par une effusion de grâce, elle aussi inouïe sur la terre.

A cet effet, il faut que le Christ, qui est la tête, transfuse dans l’Église, qui est son corps, par son propre contact, quelque chose de cette plénitude de grâce et de vérité apparue avec lui pour la première fois dans le monde. « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et ce que nos mains ont touché du Verbe de vie…, nous vous l’annonçons à notre tour, afin que vous aussi soyez en communion avec nous » (1Jn 1,3). […].

C’est le toucher du Christ qui, en communiquant aux disciples une grâce pleinement christique et christoconformante fait naître l’Église en Palestine.

Avant de monter au ciel, le Christ institue ici-bas les pouvoirs sacramentels et juridictionnels, sous l’enveloppe desquels il continuera de toucher les hommes. Ils sont comme les mains et la vois sensible du Christ à travers le temps et l’espace. La grâce pleinement christique et christoconformante, qui nous arrive à travers eux, pourra donc désormais s’appeler la grâce sacramentelle et orientée. Voilà l’âme de créée et inhérente de l’Église, qui lui façonne son corps et transparait au travers de ce corps.

(Ch. Journet, L’Église du Verbe incarnée, T. II, pp. 1101-1102.)